Roullet, autrefois Roletum, ne conserve de son passé que l’église paroissiale.

La vicairie perpétuelle de Roullet appartenait dès le temps de Charlemagne à l’abbaye de Saint-Cybard qui la perdit en 1162 mais y conserva divers droits jusqu’en 1791. Au XIIème siècle, elle est unie à l’archidiaconé de l’évêché d’Angoulême qui partage avec l’abbaye de La Couronne le gros des dîmes et lui fait la portion congrue.

L’église paroissiale de Roullet commencée au début du XIème siècle est une des plus belles de la région. Elle a été construite à trois reprises différentes et achevée immédiatement après la construction de la cathédrale d’Angoulême en 1115. Remarquable par l’absence de transept, par sa façade et par un clocher à l’architecture intéressante, elle n’a été que partiellement restaurée par Paul Abadie depuis que la foudre l’a endommagée en 1872. Classée monument historique, elle est considérée comme l’un des spécimens les plus remarquables des églises romanes de l’Angoumois.

Le château de Rochereaux, aujourd’hui disparu, dominait toute la campagne environnante. Sa situation élevée et la proximité d’une ancienne voie romaine suggèrent qu’à l’origine ce fut un lieu fortifié ayant probablement servi aux signaux télégraphiques à l’époque gallo-romaine et de station de poste.

Le château primitif avait été construit au IXème siècle. Au Moyen-Age, Rochereaux devint le siège d’une des quatre seigneuries dite Roches de l’Angoumois et, qui en était une des plus belles, aux vastes dépendances et aux revenus considérables avec La Rochefoucauld, la Rochebeaucourt et la Rochandry. Bien que peu d’archives le mentionnent, il a dû jouer un rôle important lors de la Guerre de Cent Ans, comme son voisin La Rochandry, alors en Saintonge et aux mains des anglais. Au XVIème siècle, il appartenait à la famille de Corlieu. Au début du XXème siècle, il était encore appelé localement le “Château-rompu” et on pouvait encore en voir quelques ruines imposantes perchées sur un éperon défiant les efforts du temps. Elles ont totalement disparu lors de l’extension de l’exploitation agricole qui en occupe l’emplacement. Le lieu-dit a conservé le nom : Les Rochereaux.

On trouve également une habitation seigneuriale du marquis de Vervant *(avant 1789), un vaste corps de bâtiments ayant appartenu à un ancien monastère, datant de la Renaissance, le logis de la Bretonnière qui appartenait au début du XXème siècle à un riche propriétaire, M. Charles Bouillon et la villa des Bergerons, où l’éminent docteur Bouillaud aimait à venir se délasser de ses travaux et qui a appartenu à la famille Guy de Montleau qui offrait à ses visiteurs ‘ombrage de ses magnifiques charmilles.

C’était autrefois une seigneurie qui, au 17ème siècle, appartenait à la famille de Langallerie. On peut voir encore les restes du donjon carré du château, datant du XIIème siècle……

Autrefois, cette commune tirait sa principale richesse de ses vignes, dont les produits étaient convertis en eaux-de-vie très estimées ; mais la culture de la vigne étant devenue beaucoup plus onéreuse un grand nombre d’habitants y ont renoncé et se livrent presque exclusivement à la culture des céréales. Cependant, au début du 20ème siècle, certains propriétaires n’ont pas reculé devant les dépenses nécessaires et l’on trouve dans la commune quelques beaux vignobles reconstitués, notamment ceux de MM. Bouillon, aux Bertonnières ; Decoux, aux Glamots ; Dexmier, à Fontaine : Salmon, chez besson ; Merceron, aux Mercerons ; Billette, à la Boëme, etc…

A gauche le moulin du bourg (Minoterie)

Au XIXème siècle, le ruisseau du Claix alimentait onze petits moulins, dont il n’en restait que deuc au début du XXème siècle. L’industrie papetière, surtout présente à Nersac et à La Couronne, avait aussi permis d’implanter une petite usine de feutres. Le plus important des moulins à blé se trouve au bourg de Roullet et qui appartient à M. Touzeaud. Le ruisseau de Claix fit également mouvoir le moulin de Badorit, exploité par M. Dupas et celui de Chez Guédon, à M. Rapinet. D’autres moulins à blé comme celui situé à Ventuzeau sur la Boëme est la propriété de M. Baillou. Au moulin-Neuf, près des Bertonnières, il n’y a pas très longtemps, une fabrique de feutres pour la papeterie ; cette industrie est aujourd’hui abandonnée.

Les prairies marécageuses, qui avoisinent le cours de la Boëme sont très riches en tourbe, et l’extraction de ce combustible donnait lieu autrefois à un commerce important.

La majeure partie de la commune comprend un vaste plateau ondulé entre les vallées de la Boëme et du ruisseau de Claix. Ce plateau borne dans sa partie méridionale par de hautes collines, qui atteignent, près du village de Clérignac, la cote de 137 mètres d’altitude, s’abaisse progressivement jusqu’à la vallée de la Charente qui limite la commune au Nord. Près du hameau du Vignac, on rencontre un calcaire dont le grain est très dur et très serré qui se prête bien à la confection des meules de moulin. Autrefois, de nombreux ouvriers se livraient à cette industrie, qui est aujourd’hui complétement abandonnée. Si le sol de ce plateau est généralement maigre et peu fertile, l’étroite vallée du ruisseau du Claix est beaucoup plus fertile et se prête plus facilement à la culture. Ajoutons que contrairement à la commune de Saint-Estèphe celle de Roullet était peu boisée.

Le bourg de Roullet est un ancien lieu de passage. Traversé par la route impériale de Paris à l’Espagne, le bourg de Roullet était autrefois un relais de poste important sur le grand chemin qui allait en Espagne. C’est pourquoi le blason de la commune (coupé : au 1er d’azur à deux clochers d’argent, au 2e d’argent à la diligence de sable, les fenêtres et la portes ouvertes du champ) représente la diligence. Les deux clochers qui accompagnent la diligence se réfèrent au clocher de Roullet et au clocher de Saint Estèphe, autre commune, désormais rattachée à Roullet. 

La N 10 a été déviée à deux reprises du bourg de Roullet (deux déviations concentriques, passant à l’ouest, construites respectivement vers 1960 et 2005).

La commune est aussi traversée par la D 22, route de Châteauneuf à Villebois-Lavalette, qui passe au sud-ouest de la commune et coupe la N 10 par un échangeur. La D 7, route de Blanzac à Sireuil et Hiersac, traverse aussi la commune du sud au nord, traverse aussi la N 10 par un échangeur, et passe entre les deux bourgs. La D 699, route d’Angoulême à Châteauneuf et Jonzac, passe en limite nord de la commune, ainsi que la ligne d’Angoulême à Saintes et Royan. Le GR 4 qui va de Royan à Grasse traverse la commune et passe à Saint-Estèphe. Aux limites de Saint-Estèphe et des communes de Claix et d’Etriac se trouvent le chemin Boisné. Le chemin Boisné est une importante voie romaine reliant Mediolanum (Saintes) à Vesunna (Périgueux). Sa construction aurait été entreprise dès le règne d’Auguste et poursuivie au IIème siècle pour relier Saintes à la province de la Narbonnaise. La route reprend probablement le tracé d’une voie gauloise préexistante. Elle figure sur la Table de Peutinger. Cette voie porte le numéro VR 28 dans la numérotation des voies romaines fançaises. Les plus anciennes traces écrites du nom de cette route remonte au XIIIe siècle, “Boisné” “boine””boisne” viendrait de “borne” “borné”, peut-être en référence aux bornes milliaires.

Entrée du bourg avec la voie ferrée longeant la route

A la fin du XIXème siècle, à la suite de l’arrivée de la ligne Paris-Bordeaux qui passe à l’est de la commune, le bourg de Roullet perdit un peu de son importance car celle-ci était liée en partie à la route royale de Paris à l’Espagne dont Roullet était le premier relais en direction de Bordeaux au sud d’Angoulême. Avant la construction de la ligne de chemin de fer, Roullet était une véritable petite ville, très commerçante et très animée. Cette situation privilégie lui venait de ce que c’était, au-delà d’Angoulême, le premier relai des diligences faisant le service entre Paris et Bordeaux. Aussi, y trouvait-on toute une population de bourreliers, de maréchaux, d’aubergistes et autres corps de métiers, que le passage de la diligence faisait vivre.

Cependant, entre 1911 et jusqu’au 13 janvier 1949, avec le décret de déclassement du réseau des « économiques », la commune était desservie par la petite ligne ferroviaire d’intérêt local à voie métrique des « Chemins de fer économiques » des Charentes allant d’Angoulême à Barbezieux par l’Escalier, La Couronne, Claix, Plassac, Champagne-Mainfonds, Blanzac et Péreuil. Cette ligne était plus connue sous le nom du « Petit Mairat » du nom de l’élu charentais Paul Mairat (1865-1924), conseiller général de Champagne-Mouton, qui avait œuvré pour sa construction.

Des foires importantes se tenaient dans le bourg le 23 de chaque mois.

A partir de la seconde moitié du XXème siècle, la commune a repris de son activité par le trafic routier et la proximité d’Angoulême.

 

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* Jacques-Charles Goulard de Vervant

Né le 26 février 1704. Décédé en 1778, à l’âge de 74 ans Marquis de GOULARD, seigneur de ROULLET et de ROCHERAUD en Angoumois, Mestre de Camp de cavalerie, Chevalier de St-Louis, commandant la Noblesse de Saintonge lors de la dernière convocation.